Depuis 2024, les jetons crypto adossées à des figures politiques — appelées « political mèmecoins » — explosent. Le plus médiatique reste le TRUMP token, propulsé par la rhétorique clivante de Donald Trump et l’engouement d’une base militante qui investit autant qu’elle vote. Ces jetons s’échangent comme des parodies, mais leurs volumes explosent sur des plateformes comme Uniswap ou Solana. Ils ne reposent sur aucun actif, aucune gouvernance, aucun projet tangible. Mais ils captent les émotions électorales en temps réel.
Quand un tweet sur les jetons politiques remplace un discours
La valeur d’un jeton comme TRUMP bondit ou s’effondre au gré des sondages, procès, débats ou déclarations de son modèle. En avril 2025, après la victoire de Trump dans une primaire clé, le jeton a bondi de 52 % en 24 heures. Même chose pour le BIDEN token, dont le cours varie selon les rumeurs de retrait de la campagne. Ces tokens fonctionnent comme un baromètre spéculatif de la politique américaine. Les investisseurs les plus habiles surfent sur cette instabilité avec des bots programmés pour réagir plus vite qu’un électeur indécis.
De la satire à l’instrument d’influence
À l’origine, ces jetons étaient des blagues. Aujourd’hui, ils influencent les récits. Certains partisans utilisent les cours de leurs jetons favoris comme preuve de popularité. L’effet miroir devient dangereux. Un Trump coin qui monte peut renforcer une impression de momentum dans les médias sociaux, attirant des électeurs indécis ou des influenceurs à la recherche du prochain buzz. Des campagnes de pump and dump orchestrées anonymement sur Telegram visent à manipuler ces jetons pour influencer la perception publique. On assiste à une gamification de la politique.
Les institutions financières sous tension
Wall Street surveille ce phénomène. Pas pour sa solidité, mais pour son pouvoir disruptif. En avril 2025, plusieurs fonds spéculatifs ont temporairement intégré le TRUMP token dans leurs stratégies de trading algorithmique.
Voir aussi: Le triomphe solitaire du mèmecoin Trump (MAGA) défie les marées cryptographiques
BlackRock a alerté dans une note interne sur les risques systémiques d’une « politisation de l’asset numérique ». Ces jetons restent hors du cadre réglementaire. La SEC hésite : sont-ils des securities, des parodies ou des outils de propagande ? En Europe, la MiCA ne les couvre pas, sauf s’ils prétendent à une utilité claire. Ce flou juridique laisse place à toutes les manipulations.
Extrapolations vers d’autres continents
En Inde, en Russie ou au Brésil, des clones apparaissent : MODI, PUTIN, LULA. En Afrique, des jetons liés à des leaders comme Kagame ou Ramaphosa émergent timidement sur Binance Smart Chain. La tokenisation politique devient mondiale. Mais son usage varie. En Occident, elle amuse et agace. Ailleurs, elle peut servir de résistance ou de propagande numérique, selon qui contrôle la liquidité. À terme, ces jetons pourraient alimenter des cagnottes d’influence ou mesurer l’adhésion populaire plus vite que les sondages classiques.
Vers une fusion des récits et des marchés sur les jetons politiques
L’inquiétude ne vient pas de leur valeur économique, mais de leur pouvoir narratif. Un jeton politique devient un signal, un indicateur alternatif de la perception populaire. Il crée un récit parallèle, en temps réel, potentiellement manipulé, mais viral. Si demain, un politicien alimente volontairement la spéculation sur son jeton, il pourrait influencer les marchés, les électeurs et les médias en un seul geste. La frontière entre storytelling et spéculation fond. Ce n’est plus la politique qui influence l’économie. C’est la blockchain qui réécrit la politique.